Comparaison des approches thérapeutiques : EMDR vs brainspotting

 

différences entre EMDR et brainspotting

 

 

 

 

 

 

 

Quelles sont les différences entre EMDR et brainspotting ? Cette question revient souvent parmi les patients. Je vais vous les indiquer en dix points importants.

 

#1 Découverte

Les différences entre l’EMDR et le brainspotting commencent par leur découverte.

Dans les années 1980, la psychologue américaine Francine Shapiro fit une découverte fortuite : les mouvements oculaires semblaient réduire l’impact émotionnel des pensées négatives. Intriguée, elle développa une méthode thérapeutique basée sur ce principe, qu’elle nomma EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing). En combinant ces mouvements oculaires avec une stimulation sensorielle, telle que des tapotements ou des sons alternés, Shapiro constata des résultats prometteurs dans le traitement des traumatismes.

Des études cliniques ultérieures ont confirmé l’efficacité de l’EMDR pour le traitement des troubles post-traumatiques. Cette approche permet de stimuler l’intégration de l’information dans le cerveau, facilitant ainsi la restructuration des souvenirs traumatiques. Aujourd’hui, l’EMDR est largement utilisé dans le domaine de la santé mentale pour aider les individus à surmonter les traumatismes, les phobies, les troubles anxieux et d’autres problèmes psychologiques.

La découverte de l’EMDR par Francine Shapiro a ouvert de nouvelles perspectives dans le domaine de la thérapie, offrant une approche novatrice et efficace pour le traitement des troubles psychologiques. Son impact positif a permis d’améliorer la vie de nombreuses personnes en leur offrant un moyen de guérison et de résilience. Aujourd’hui, l’EMDR est largement reconnu comme une méthode thérapeutique efficace et est utilisée par des professionnels de la santé mentale à travers le monde.

Dans les années 2000, le brainspotting a été développé par D. Grand, un psychothérapeute américain précédemment thérapeute EMDR. Bien qu’il ait toujours affirmé être l’inventeur du brainspotting, la réalité est probablement plus compliquée. La découverte de la technique de recherche des “spots” revient probablement à Audrey Cook. Avant Grand, elle avait déjà décrit la possibilité de trouver des zones dans le champ visuel où le thérapeute constate que le patient est plus perturbé ou bien le patient lui-même indique être plus perturbé. Audrey a présenté ces découvertes au cours d’un congrès EMDR où était présent D. Grand. De même, le fait de travailler avec un seul œil avait déjà été décrit par des thérapeutes EMDR et notamment décrit et utilisé par Rick Bradshaw. Même si la technique pour exploiter les spots en brainspotting est différente de celle décrite par Audrey Cook, on peut penser qu’elle y a contribué sans être citée. Grand a, quant à lui, eu l’idée d’utiliser une baguette télescopique.

 

#2 Les fondements théoriques

Bien que Grand ait voulu poser dans la théorie des différences entre EMDR et brainspotting, le brainspotting repose plus sur l’existence de brainspots. La notion pertinente d’AIP a été abandonnée ou formulée autrement.

L’EMDR est basé sur le modèle du traitement adaptatif de l’information (AIP : processus adaptatif d’information), qui postule que les symptômes psychologiques sont le résultat d’expériences traumatiques non traitées. La théorie AIP a été développée pour expliquer les résultats observés de la thérapie EMDR administrée aux personnes souffrant de traumatismes et de TSPT (Trouble de Stress post-traumatique). Selon le modèle AIP, les souvenirs de traumatismes stockés de manière inadaptée créent des obstacles au traitement rationnel de l’information, se produisant dans la zone du cortex préfrontal du cerveau. La stimulation bilatérale, par des mouvements oculaires ou d’autres mécanismes, est censée lever les obstacles et permettre un traitement complet du souvenir, ce qui entraîne une réduction des symptômes du traumatisme.

Le brainspotting repose sur l’idée que les traumas sont stockés dans des régions spécifiques du cerveau (sous-cortex) et que l’accès à ces “brainspots” peut faciliter le traitement et la guérison.

Le développeur du brainspotting rejette certaines conceptions de l’EMDR, notamment “les canaux de réseau de mémoire”. L’illustration de la main et du doigt est le modèle de base de l’EMDR. La main représente le nœud cible, tandis que les doigts représentent les canaux du matériel associé dans la mémoire.

 

#3 Utilisation du regard

À l’origine en EMDR, Francine Shapiro utilisait des balayages des doigts devant les yeux pour faire effectuer des mouvements oculaires au patient aussi rapidement que possible. L’utilisation d’autres stimulations bilatérales telles que les sons et les stimulations tactiles (tapotements) est également possible. Bien qu’Audrey Cook ait communiqué dans les années 90 sur la possibilité de travailler avec un seul œil à la fois, en EMDR, on utilise les mouvements des deux yeux.

Dans le brainspotting, le regard est fixé sur un point précis pendant le processus. Le patient ne bouge les yeux que lors de la recherche de points de fixation, puis le regard reste fixe. David Grand a repris la possibilité d’utiliser un seul œil pendant le processus.

 

#4 La dimension cognitive

L’EMDR vise à identifier et transformer les croyances négatives associées au traumatisme. Le protocole implique la recherche d’une cognition négative associée à l’événement et d’une cognition positive qui permettra de surmonter le trauma.

Dans le brainspotting, l’accès aux ressources somatiques et l’activation du système nerveux favorisent la guérison. Il n’y a pas de recherche explicite de dimension cognitive. Souvent, à la fin du retraitement d’un événement, la perception et la dimension cognitive se modifient naturellement par un processus dit “bottom-up”, de l’activation dans le corps vers le cerveau. La reconsolidation de la mémoire entraîne une vision différente de l’événement.

 

#5 La conduite du traitement

Les différences entre EMDR et brainspotting apparaissent assez rapidement dans la conduite du traitement.

L’EMDR se concentre sur le traitement de souvenirs spécifiques liés à un événement traumatique afin de réduire l’impact émotionnel négatif associé. Le thérapeute établit un plan de traitement. Le protocole EMDR comporte huit phases : (1) recueil des antécédents, (2) préparation, (3) évaluation, (4) désensibilisation, (5) installation, (6) balayage corporel, (7) clôture et (8) réévaluation. Au cours de la phase 3, le souvenir pénible traité est évalué en identifiant la pire image mentale qui lui est associée et ses manifestations actuelles aux niveaux cognitif, affectif et somatique. Au cours des phases de désensibilisation et de traitement (4-6), le souvenir pénible est traité à l’aide de la méthode de la double attention, soit le plus souvent en alternant des mouvements oculaires horizontaux, soit par des stimulations bilatérales tactiles ou auditives. L’enchaînement des séances suit un plan de ciblage établi dès les premières séances.

Bien que le concepteur fut thérapeute et formateur EMDR, il est aujourd’hui critique sur l’utilisation d’un protocole. Il n’existe pas de plan de ciblage en brainspotting. Le thérapeute reste curieux sur ce qui émerge au début de la séance. Bien que le concepteur se soit toujours défendu de l’existence d’un protocole en brainspotting, il y a tout de même une procédure à suivre. L’enchaînement des séances suit un principe d’incertitude. Le brainspotting n’utilise pas de protocole structuré rigide, mais plutôt une approche souple et adaptative en fonction des besoins spécifiques du client. Cette approche plus souple rend plus difficile la reproductibilité d’un thérapeute à l’autre.

 

#5 Le déroulement d’une séance

Une fois le plan de traitement établi au cours des premières séances et les capacités de régulation émotionnelle du patient évaluées, la séance d’EMDR s’attaque généralement aux événements traumatiques identifiés dans le plan de ciblage, souvent de façon chronologique. Le thérapeute suit un protocole pour identifier une cible, une cognition négative et la perturbation émotionnelle. Ces trois éléments ouvrent en quelque sorte la porte avant les stimulations bilatérales. Entre les sets de mouvements oculaires, le thérapeute demande un retour de ce qui se passe chez le patient, et le ramène à la cible initiale quand il ne se passe plus rien.

En brainspotting, la séance commence presque de la même manière, sauf que le thérapeute accueille ce qui se passe et ne sait pas nécessairement sur quoi il va travailler dans la séance présente. Le thérapeute recherche la perturbation ou l’activation qui se produit dans le système nerveux du patient pendant qu’il évoque le problème. Ensuite, il recherche une position oculaire en utilisant un pointeur ou non. Une fois la position trouvée, le thérapeute reste immobile, le patient ayant immobilisé son regard sur le spot qui a été déterminé.

Le thérapeute utilise souvent des sons panoramiques qui constituent une stimulation bilatérale lente. Ces sons ne sont pas indispensable pour le déroulement du processus.

Le patient ne parlent pas et le thérapeute intervient très peu.  Le patient pourra à la fin de la séance donner un retour de ce qui s’est passé pendant le processus.

 

#6 Le processus de pleine conscience

Les différences entre EMDR et brainspotting dans le processus de pleine conscience est flagrante pour qui vit une séance.

En EMDR, la pleine conscience intervient pendant le processus, lorsque le patient est invité à identifier où il ressent la perturbation dans son corps lors de l’évocation d’un problème ou d’un trauma. Ensuite, pendant le retraitement, le fait que le patient observe ce qui se passe et le rapporte au thérapeute constitue de la pleine conscience. On pourrait dire qu’elle est séquentielle car elle subit des mini-interruptions lorsque le patient donne un retour sur ce qui se passe.

En brainspotting, comme en EMDR, la pleine conscience apparaît pleinement dès le début lors de la recherche de la position oculaire. Une fois le processus lancé, le patient laisse se dérouler la pleine conscience, dite “focalisée” sur le problème et la position oculaire. Le patient n’étant pas amené à parler ou à donner un retour sur ce qui se passe, le processus se déroule plus profondément.

La pleine conscience peut être gênée par un thérapeute qui intervient trop ou par une intellectualisation trop importante de la part du patient.

 

#7 La relation thérapeutique

Dans les deux cas, la confiance et le sentiment de sécurité doivent être centraux. En EMDR, classiquement, le thérapeute est assis sur une chaise légèrement décalée. Les sièges sont disposés en position de bateaux qui se croisent pour faciliter le fait que le thérapeute effectue des mouvements oculaires avec sa main. Cela crée une proximité qui indique la présence et le soutien du thérapeute. La relation est ressentie comme symétrique par le patient. Le thérapeute n’est pas en position dominante. Lorsque le thérapeute utilise un appareil de stimulations tactiles, il peut se trouver à une distance plus éloignée en face du patient.

En brainspotting, le thérapeute est en face du patient à une distance confortable pour les deux parties. La présence du thérapeute est principalement physique. Bien que le thérapeute reste silencieux tout comme le patient, ce dernier traverse un processus de pleine conscience focalisée qui ne pourrait avoir lieu en l’absence de cette présence.

 

#8 Efficacité prouvée

L’EMDR a bénéficié de nombreuses études et de méta-analyses qui prouvent son efficacité dans l’état de stress post-traumatique. Il est beaucoup plus difficile de le démontrer sur des prise en charge plus complexes qu’un psycho-traumatisme simple. L’EMDR est recommandé dans de nombreux guides thérapeutiques donc l’OMS.

Le brainspotting bénéficie de peu d’études. C’est une thérapie trop jeune et qui ne bénéficie pas de moyens pour réaliser des études. Pour ma part, je constate la même efficacité.

 

#9 La formation du thérapeute

La certification des thérapeutes en EMDR est un parcours assez exigeant, ce qui comporte des aspects positifs dans le sens où vous ne confiez pas votre santé à n’importe qui, mais aussi des aspects négatifs dans le sens où le thérapeute peut manquer de confiance en lui. Théoriquement, si vous choisissez un thérapeute formé par EMDR Europe, vous avez la garantie d’avoir un traitement bien conduit. C’est pour cette raison qu’il ne faut faire confiance qu’aux thérapeutes formés dans le cadre d’EMDR-France.

Le brainspotting semble simple, ce qui conduit beaucoup de thérapeutes à penser maîtriser la technique. La réalité est tout autre. La formation n’est pas suffisante pour savoir construire un plan de traitement et enchaîner les séances. De plus, le fait de devoir rester silencieux, de ne pas intervenir, suscite des doutes chez les thérapeutes, qui doivent faire preuve de patience pour observer les résultats d’une séance bien menée.

De mon côté, j’ai développé la formation en psychothérapie NTCV pour combler les lacunes de la formation en brainspotting et y apporter d’autres ajouts fondamentaux.

# 10 Choix thérapeutique

L’EMDR et le brainspotting représentent deux approches distinctes pour atteindre un objectif commun : le traitement des traumatismes et la régulation émotionnelle des patients.

Le brainspotting, avec sa technique plus fluide, offre une approche souple mais parfois difficile à maîtriser dans la durée. L’absence de plan de traitement conduit souvent de nombreux thérapeutes à l’utiliser de manière occasionnelle, sans réellement savoir comment enchaîner les séances pour mener une thérapie complète. Au sein de mon enseignement en psychothérapie NTCV (Neuro-traitement des traumatismes par le champ visuel), j’ai constaté que peu de thérapeutes en brainspotting maîtrisent véritablement cette technique. Ils n’ont pas été formés à enchaîner les séances et à mener une thérapie dans son intégralité. Cette compétence demande beaucoup d’expérience et nécessite de suivre plusieurs formations.

En revanche, la formation en EMDR dispensée par EMDR-France assure une meilleure maîtrise du thérapeute. Son protocole plus structuré offre une direction claire à suivre. Les supervisions et les validations sont plus rigoureuses. Il vaut mieux avoir affaire à un bon thérapeute EMDR qu’à un thérapeute en brainspotting qui n’a pas acquis les compétences nécessaires. L’idéal serait de consulter un thérapeute qui maîtrise les deux techniques. Il est essentiel de se sentir en sécurité avec son thérapeute et de ne choisir que des professionnels autorisés à pratiquer la psychothérapie, tels que les psychiatres, les psychologues cliniciens et les psychothérapeutes agréés par les ARS.

Que ce soit en psychothérapie EMDR ou en brainspotting, la durée du traitement peut varier de quelques séances à plusieurs années. Cependant, les résultats obtenus seront toujours généralement plus efficaces que ceux des thérapies verbales traditionnelles.

 

 

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